02. pendant ce temps, en 2016

le train à grande vitesse paris-cherbourg, de la SNCF comptait 300 personnes à son départ, mais n'arriva jamais. passant par les hameaux normands les plus reculés, le réseau et la 4G disparurent rapidement. c'est pourquoi personne ne s'alarma de ne plus pouvoir envoyer de messages. c'est quelque chose de récurrent, même sur la ligne paris-granville. les vaches, les prés et même les moutons se sont succédé aux fenêtres. rien d'anormal n'était visible, jusqu'à comprendre la réalité. c'est l'accident en lui-même qui a entraîné les trois cents passagers cinquante années plus tôt. en effet, et ce de manière tout à fait incompréhensible, le train a « calé », alors qu'il était lancé à pleine vitesse. heureusement, aucun blessé grave ne fut à déplorer.


en 2016, tout comme l'avion de Malaysia Airlines, le train et les différents compartiments disparurent purement et simplement et personne n'en retrouvera la trace. toutes les hypothèses furent proposées mais aucune ne fut validée. même une idée de boulons manquant, ayant pour la plupart causé la série noire d'accident ferroviaires il y a quelques années de cela fut démantelées. les familles lancèrent de nombreux avis de recherche, mais on ne trouva jamais personne. ils furent contraints, pour la plupart, d'enterrer des cercueils vides, se doutant que ces jeunes gens ne reviendraient jamais. des veuves, des orphelins, des mères et des pères privés de leurs enfants se retrouvèrent vêtus de noir.


on engagea les meilleurs détectives, même la police scientifique fut mise sur le coup. l'affaire resta non-classée. mais désormais, en 2016, la légende commence à courir qu'ils se seraient volatilisés. qu'ils auraient été téléportés. les plus fous croient à un enlèvement extraterrestre, les plus rationnels à une attaque terroriste. mais tous sont bien loin de la vérité. et certaines blagues, tentant de dédramatiser la situation, que personne ne prend au sérieux, sont bien plus proches de la vérité.


en attendant, les trois cents passagers, majoritairement logés à l'hôtel de loup-pendu, chez l'habitant pour les autres, doivent apprendre à s'adapter. il n'y a plus internet, plus de téléphones portables. de plus le voltage des prises ne correspond pas, les plus préventifs, ayant pris leur chargeur avec eux, ne pourront pas s'alimenter ainsi. et dans le paysage, au loin, lorsqu'on regarde depuis la ferme, on peut voir un train des plus modernes, perdu entre deux cadillac en parfait état. les gens y reviennent parfois, mais il commence à être abandonné. il va falloir apprendre à vivre comme il y a cinquante ans, et le temps souhaite bonne chance aux passagers.